jeudi 13 mars 2014

L’accès à la forêt. 3/3

3 Les fundos privados

Cette dernière catégorie est celle à laquelle on a le moins facilement accès. En effet, ces terrains sont privés et appartiennent souvent à de grands propriétaires ou à des entreprises. Contrairement aux terrains communautaires ou à ceux de la CONAF (où leur vocation est un accès du public couplé à la protection du terrain), on distingue ici plusieurs grands cas de figure : 

Photo prise dans la région de Rancagua
- les terrains qui appartiennent à des individuels ou grandes entreprises (souvent minières) qui ne veulent absolument pas qu'on y entre, et c'est dans leur droit. Autant dire qu'on ne s'y aventure pas vraiment.






- les terrains où il n'y a pas d'interdiction tant qu'il n'y a pas de dégradation. Une sorte de droit de passage se fait et des chemins de randonnées les traversent avec le consentement du propriétaire. Ça me parait après tout normal, tant qu'aucun dommage n'est fait on peut partager l'espace. C'est le statut qu'a actuellement le parc du Panul; en attente de savoir s'il deviendra un parc communautaire ou cessera d'être une forêt pour être bâti. 



La cascade des Aguas de Ramon
 - les terrains qui sont convertis en parcs privés, à entrée payante ou non, selon le bon vouloir du propriétaire. C'est intéressant de voir que le fait que les parcs nationaux soient payants entraine qu'on ne les différencie plus tellement des parcs privés. 
En bordure de Santiago, on trouve par exemple le parc Aguas de Ramon, qui est géré et exploité par Aguas Andinas pour approvisionner la capitale en eau. Mais sa localisation à 2 pas de la ville, la vue qu'offre la Cordillère et la forêt en font un superbe décor pour des randonnées. La compagnie a donc décidé de laisser le public visiter le parc et propose aussi des programmes d'éducation à l'environnement pour les plus jeunes, contre participation financière. 








Centre d'accueil des visiteurs du Parque Pumalin
Un autre exemple de forêt privée à vocation de parc est celui du Parc Pumalin, dans la Patagonie chilienne. Douglas Tompkins, un Américain tombé sous le charme de la région achète depuis 1990 des terrains dans la région de Chaiten. Il en achète tellement que la route qui relie Puerto Montt à Chaiten n'a d'autre choix que de passer sur ses terrains, pour cause leur surface dépasse les 290.000 ha! Il crée une fondation pour administrer le parc et lève des fonds pour que l'entrée soit gratuite. La population locale voit de tels investissements extérieurs d'un oeil méfiant, surtout dans le contexte d'HydroAysen, ce projet de barrages à travers la Patagonie. Suite à l'éruption du Volcan Chaiten en 2010, Douglas Tompkins, s'investit dans la restauration écologique du parc et les résultats sont plus que satisfaisants. 
Passant près d'une entrée du parc, je décide d'y passer une journée pour voir les merveilles qu'il recèle...
Entrée du parc Pumalin
 Et bien,non, je n'irai pas au parc Pumalin, car depuis la route principale, ce sont 15 km de route (certes goudronnée avec panneaux de limitation de vitesse, lampadaires électriques tout du long et herbe verte bien tondue sur les bas côté) qu'il faut emprunter. Et quand on a pas de voiture... Eh bien tant pis... Car cette entrée n'attire pas les foules et en 1heure d'attente, personne ne s'y engage! Légère frustration de ne pas voir un tel sanctuaire de la nature, mais les chanceux qui ont pu y aller ont dû se régaler : je vous laisse jeter un œil au site officiel.

Ajout d'avril : Nouveauté dans le parc Pumalin
Douglas Tompkins vient de proposer à Michelle Bachelet, à nouveau présidente du Chili depuis cet hiver, de donner le parc à l'Etat. La condition? En faire une réserve nationale. On ne sait pas si le gouvernement va accepter d'en reprendre la gestion mais cela mettra un terme aux discussions sur les intérêts de M. Tompkins à acheter la Patagonie.

Au niveau de la forêt privée (non communautaire), on trouve un peu de toutes les formules qui se déclinent selon les propriétaires. Il y a clairement un enjeu de respect de la propriété privée et il est extrêmement courant de voir des barbelés surgir au milieu de nulle part pour indiquer la défense d'entrer. Mais, par intérêt financier ou pour celui de la nature, certains de ces terrains sont ouverts au public et permettent de découvrir les richesses du Chili.





2 commentaires:

  1. Les propriétaires privés entretiennent ils spontanément les forets?....Dans les Ardennes, ce n est pas évident!....

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    1. A priori oui car ils en tirent des revenus assez conséquents parfois. En Ardennes... C'est vrai que l'industrie forestière française ne suit pas les mêmes règles que la chilienne.

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